Peut-on prévenir l’enlèvement d’un enfant ?

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Information:

Nous avons tous été frappés d’horreur ce week-end par le viol et le meurtre d’Angélique, 13 ans.

Un crime d’autant plus violent qu’elle « connaissait » son agresseur.

Cette tragédie est d’autant plus troublante que 13 ans est l’âge où l’enfant bascule dans l’adolescence, et qu’il n’est pas aisé pour un parent de l’encadrer, d’arbitrer entre sa nouvelle aspiration à la liberté et sa « surveillance » qui est pourtant encore nécessaire.

Personne ne peut se prémunir contre les drames de la vie, et toutes les précautions du monde ne nous assurent pas de pouvoir mettre nos enfants à l’abri de tout danger.

Il est cependant nécessaire de garder à l’esprit que les prédateurs existent, et que nous pouvons limiter les risques en prévenant nos enfants de leur existence et en leur apprenant des réflexes à avoir face à certaines situations.

Plus encore, nous avons le devoir, en tant que parents, d’aider nos enfants et adolescents à cerner les limites de la confiance à accorder à des inconnus ou à des proches… Car dans la majorité des cas d’enlèvement et de séquestration, l’enfant ou l’adolescent connaissent leur agresseur.

Le cas d’enlèvement d’un mineur par un parent

Les cas d’enlèvements de mineurs sont heureusement rares, mais, pour le petit enfant et pour sa famille qui vit sa disparition, la situation ne pourrait être plus bouleversante, plus angoissante, plus insoutenable.

Parfois, l’enfant est enlevé par un de ses parents à la suite de discordes graves au sujet de sa garde, ou de dissensions concernant le lieu où il sera élevé si les deux parents ne veulent pas vivre, par exemple, dans le même pays quand l’un deux est originaire d’un autre.

Plus rarement, mais plus gravement, le ravisseur est un étranger.

Le terme « enlèvement par un étranger » renvoie à l’implication d’une personne qui ne fait pas partie de la famille immédiate, c’est-à-dire qui n’est ni le père, ni la mère, ni un substitut parental, ni un oncle ou une tante, un frère ou une sœur.

Cependant, ledit étranger peut être un parfait inconnu comme il peut être un membre de l’entourage de l’enfant : une connaissance des parents, quelqu’un de la parenté, un individu lié d’une certaine manière à l’enfant (aide familiale, gardienne…), un voisin, un travailleur dans le coin, etc.

D’où l’impérative nécessité de sensibiliser votre enfant, conformément à son âge, à certains dangers de la vie, comme l’approche par des inconnus.

Il faut ainsi lui apprendre le plus tôt possible, et lui rappeler régulièrement :

  • qu’il ne faut jamais parler hors de votre présence à quelqu’un qu’il ne connaît pas, même si l’autre lui sourit, a l’air très gentil, fait des blagues, semble vouloir l’aider, et même s’il se met à le croiser souvent. Il est impératif d’expliquer à votre enfant ce que vous entendez par « étranger » : quelqu’un – homme ou femme – qui ne lui a pas été formellement introduit par vous, par votre famille immédiate (y compris les oncles et tantes, et les grands-parents), par le personnel enseignant ou les administrateurs de l’école, et qui cherche à lui parler hors de votre ou de leur présence, même si la personne fait partie du paysage familier de votre enfant, car il l’a vu ou qu’il l’a croisé plus dans le passé…
  • qu’il ne faut jamais suivre un/e étranger/e quel que soit le prétexte. Donnez-lui des exemples : un gentil monsieur ou une gentille dame qui veut lui monter/donner un chaton qui vient de naître ; une personne qui veut être accompagnée sur un bout de chemin parce que qu’elle ne connait pas la route ; quelqu’un qui prétexte que vous, parents, avez eu un accident, et qu’il est venu le chercher de votre part, etc.
  • qu’il ne faut jamais accepter des boissons, des sucreries ou autres aliments d’une personne inconnue : l’enfant pourrait avaler à son insu une drogue…
  • qu’il doit toujours vous demander la permission de parler à quelqu’un qu’il ne connaît pas : cela lui rappelle que c’est votre rôle de le surveiller et que ce n’est pas à lui de décider à qui il peut se fier et de déterminer pourquoi l’étranger l’aborde ;
  • qu’il est parfois correct, normal, de dire non à un étranger qui lui demande de faire quelque chose s’il se sent mal à l’aise, même si ce n’est pas rationnel.
  • Dès l’âge de 6 ans, vous pouvez montrer à votre enfant comment se défendre en attirant l’attention si l’on essaie de l’emmener de force. Vous pouvez également établir avec lui un mot de passe pour des situations de doute. Ainsi, au Royaume-Uni, une fillette sortant de l’école et a été abordée par un homme lui disant que sa mère avait eu un accident et qu’il était venu la chercher de sa part. La petite fille lui a demandé « le mot de passe », l’homme en question l’a prise fermement par le bras en lui disant qu’il s’agissait d’une urgence et qu’il fallait se hâter. La fillette a alors eu suffisamment d’assurance pour crier à l’aide comme sa mère le lui avait appris. Le personnel scolaire à proximité de l’école s’est alors élancé vers elle et l’inconnu a pris la fuite…

Selon le National Center for Missing and Exploited Children des États-Unis, 5 ruses sont très utilisées pour appâter un enfant :

  • On lui propose de le conduire quelque part, de le ramener à la maison, etc. 
  • On lui offre des bonbons ou des friandises. 
  • On lui montre un animal.
  •  On demande son aide pour retrouver un animal (un chiot perdu, etc.).
  • On lui offre de l’argent ou on lui demande son chemin.

Prévenez votre enfant de ces cas de figure, et demandez-lui qu’il vous avise de la situation si cela lui arrive.

De manière générale, le niveau de surveillance à exercer dépend de l’âge de l’enfant, de son degré de maturité, de sa personnalité et des circonstances. Voici quand même quelques directives de sécurité :

Votre enfant a entre 4 et 6 ans ? Il a besoin d’une surveillance directe et continue. Vous n’avez, d’ailleurs, cessé de lui dire qu’il est important qu’il ne s’éloigne pas de vous lorsqu’il vous accompagne au supermarché, au parc, ou ailleurs. Généralement, vous vous ne le quittez pas des yeux plus que quelques secondes.

Votre enfant a presque 10 ans, il est bon de continuer à le surveiller étroitement. S’il fait de petits bouts de chemin seul, comme traverser la rue pour aller chez un ami, ou marcher quelques centaines de mètres pour aller à l’école, exigez qu’il ne prenne pas de raccourci et qu’il ne s’approche jamais d’un automobiliste.   

Votre enfant a moins de 14 ans et sort seul ou à vélo pour aller à l’école, au parc, chez un ami, à un centre sportif ou commercial ? Il est bon qu’il vous en avise, vous précise où il va avant de sortir. Près de la moitié des tentatives d’enlèvement ciblent les enfants ayant entre 10 et 14 ans. Ainsi il est plus prudent que votre enfant vous envoie un SMS une fois arrivé à destination et à nouveau avant de partir pour rentrer à la maison… 

Selon le journal Libération, en France, 49 347 mineurs ont été enregistrés dans le fichier des personnes disparues en 2016

Des chiffres plus détaillés nous sont donnés par le National Center for Missing and Exploited Children des États-Unis  :

  • 38 % des tentatives d’enlèvement ont lieu alors qu’un enfant marche seul entre son domicile et son école, qu’il attend l’autobus scolaire ou qu’il fait de la bicyclette.
  • 37 % des tentatives d’enlèvement surviennent entre 14 heures et 19 heures en semaine.
  • 43 % des tentatives d’enlèvement ciblent des enfants ayant entre 10 et 14 ans.
  • 72 % des victimes de tentative d’enlèvement sont des filles.
  • 68 % des tentatives d’enlèvement impliquent un suspect au volant d’un véhicule.  

La cybercriminalité 

Il est malheureusement facile pour des prédateurs de « courtiser » des enfants sur Internet en vue de les attirer dans leur giron à des fins dangereuses. C’est pourquoi il est impératif de transmettre à vos enfants des consignes de sécurité relatives à leurs relations sur  Internet et de contrôler, autant que possible, leur usage de ce moyen de communication.

Vous trouverez sur le site canadien enfantsportesdisparus.ca de bonnes stratégies de prévention liées à l’âge de votre enfant.

Les drogues prises à leur insu

Aux alentours de 16 ans, les enfants organisent des soirées dans des lieux publics ou chez des amis d’amis et, parfois, chez des amis d’amis d’amis… Autant dire, de parfaits inconnus. Un réflexe à leur inculquer — et plus particulièrement aux filles — est de ne jamais accepter une boisson qui n’a pas été décapsulée devant eux, et de ne jamais reprendre leur verre après avoir été danser, et cela pour éviter le risque de consommer une drogue qui aurait été dissoute dans leur boisson à leur insu. Dans le cas où vos ados vous regarderaient moqueurs, parlez-leur du GHB ou de la « drogue du violeur », et enfoncez le clou avec les histoires de vols d’organes humains. Ils trouveront sur Internet des cas avérés aux Etats-Unis qui leur feront perdre leur air blasé et les pousseront à se montrer plus prudents !

Où est mon enfant ?

Vous avez emmené votre enfant avec vous pour faire des courses. Là, le temps de rouvrir les paupières, vous ne le retrouvez pas…

Vous contrôlez votre panique montante, vous cherchez partout, vous criez son nom… en vain !

Ou encore, vous attendez votre enfant, qui devrait être revenu de l’école ou de sa promenade à bicyclette mais il ne vient pas.

Vous l’attendez à la sortie de l’école ou d’un établissement sportif, le temps passe, et il n’apparaît pas…

Les premières questions à vous poser, en vertu de son âge ou de votre situation familiale, sont les suivantes :

  • Est-il possible qu’il ait fugué ?
  • Qu’il se soit perdu en chemin ?
  • Est-il possible que vous ayez oublié qu’un membre de la famille devait l’emmener quelque part ou qu’il avait une activité  prévue ?
  • Si vous êtes en « guerre » contre votre ex en ce qui a trait à la garde de votre enfant, est-il possible que le petit ait été kidnappé ?
  • Vous êtes-vous senti menacé/e par quelqu’un qui vous en veut, vous ou un autre membre de votre famille, pour une raison ou pour une autre, en raison d’une dette, d’un congédiement, d’une rupture, etc. ?
  • Craignez-vous qu’un étranger ait pris votre enfant ? Avez-vous remarqué au cours des semaines ou des jours précédents un individu louche – qui se tenait dans le parc à côté d’enfants sans avoir lui-même de petit ; qui revenait souvent sur ces lieux et qui semblait étudier les enfants et leurs parents ; qui s’est immiscé doucement dans la vie de votre enfant en lui portant une attention particulière et un peu étrange ?

Les motifs d’un enlèvement par un étranger

  • Une rançon
  • Des raisons sexuelles
  • Le désir d’une personne souffrant de troubles mentaux ou émotionnels (à la suite de la perte d’un enfant, par exemple, ou en raison d’un problème de stérilité) d’avoir un enfant
  • Des raisons pécuniaires
  • Un désir de rétribution, de vengeance, etc., contre la famille de la victime, une communauté, la société en général…
  • Des motifs de violence pure ou de pouvoir

Dans tous les cas, il est important d’agir immédiatement, d’abord en prévenant la police/gendarmerie, car elle seule peut prendre des mesures de grande ampleur et mener une enquête, mais aussi en appelant le numéro d’urgence 116 000, qui intervient auprès des familles dans le cadre de fugues, d’enlèvements parentaux en France ou à l’étranger, et de disparitions inquiétantes de mineurs.

Il n’est pas nécessaire d’attendre avant de signaler la disparition d’un enfant à la police ou aux organismes de secours, les autorités sont à même de déterminer s’il faut ou non déclencher immédiatement l’alerte. 

Pour aller plus loin dans l’information et en savoir plus sur la prévention et les procédures d’alerte  

  • Un numéro d’urgence : 116 000
  • Le Centre Français de Protection de l’Enfance (CFPE / 116000enfantsdisparus) qui donne des conseils pour prévenir l’enlèvement. Vous y trouverez également les photos d’enfants récemment portés disparus. 
  • Des conseils de prévention issus de la Fondation pour la Recherche d’Enfants Disparus International (FREDI)    
  • L’association La Mouette, qui lutte contre la cybercriminalité et offre aide et soutien aux parents dont les enfants ont disparu
  • Le site Missing Kids, du centre canadien de protection à l’enfance : site qui informe sur les risques, la prévention, les gestes à poser en cas de disparition d’un enfant…
  • Le Centre canadien de protection contre les enlèvements ProtectChildren.ca : site qui avance des chiffres, propose des suggestions et des stratégies de protection selon l’âge de l’enfant. 
  • Le Réseau Enfants-Retour : un site québécois offrant des ressources intéressantes à l’échelle québécoise et internationale.

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Un article signé LMT pour PopMoms, tous droits réservés©

Crédit photo : Bryan Minear, Unsplash